La gamme pentatonique en 3 étapes simples : 3 – sonner autrement avec les pentatoniques

La gamme pentatonique en 3 étapes simples : 3 – sonner autrement avec les pentatoniques

Bon, nous y voilà, la troisième et dernière partie de ce cycle en 3 étapes.

Dans la première partie, c’était les positions et comment les jouer sans rester bloqué sur une position.

La deuxième partie était sur comment utiliser la gamme pentatonique majeure ou mineure sur les accords pour sonner sans trop de risque et avoir le son pentatonique.

Cette partie est celle où on voit comment sonner autrement que pentatonique avec la gamme pentatonique. Comment ajouter des couleurs aux accords tout en restant avec nos positions pentatoniques. Nous allons utiliser la gamme pentatonique pour faire ressortir les couleurs des accords et donner libre cours à nos envies et notre imagination.

La grille de référence

Pour étudier cette partie, nous nous référerons à une grille simple mais avec les accords principaux :

Grille assez simple avec 1 accord mineur et 2 accords majeurs.

Analyse standard de la grille

Comme vu à l’étape précédente, une façon de choisir ses pentas pour sonner sur cette grille est :

  • prendre la penta majeure sur un accord majeur (le G et le F ici )
  • prendre la penta mineure sur un accord mineur (le A- ici ).

si vous avez suivi les 2 étapes précédentes, vous savez faire, mais voici un exemple :

Premier passage

On démarre avec la position I de la gamme pentatonique de A mineur (équivalente à la position V en C pentatonique majeur) en remontant la gamme tout simplement.

Sur le G, on passe sur la position I de G pentatonique majeur (entendez vous les notes qui ont changé ?)

Pour le F, c’est la position II de F pentatonique majeur, c’est-à-dire qu’on reste au même endroit du manche (case 2 à 5 ) mais on change le schéma pentatonique pour passer en F.

Second passage

Toujours sur la position I de A mineur pentatonique, on remonte la gamme par intervalles : une tierce puis une quinte.

Pour le G, on passe de la case 5 à la case 7 (position II à la position III de G ), puis un petit pattern simple, répété en dernière mesure, une quarte plus bas.

Analyse alternative de la grille

Voilà, cette cette partie qui nous intéresse le plus, celle qui va nous montrer comment sortir du son habituel en ajoutant des s couleurs, tout en restant avec les gammes pentatoniques.

Comment donner de la couleur aux accords

Avec la gamme pentatonique, il n’y a pas de demi-ton, ni de triton, ces intervalles très colorés qui donnent leurs caractéristiques aux accords et aux gammes.

Ce que nous allons faire, c’est justement voir quelles gammes pentatoniques il est possible de superposer, d’ajouter à nos gammes standards pour redonner leurs couleurs aux accords, pour qu’ils sonnent autrement. Nous n’allons nous préoccuper que des accords majeurs et mineurs, il y a déjà pas mal de boulot juste sur ces 2 types d’accord.

Je vous épargne les calculs et les lignes de notes pour arriver à ces conclusions, et je vous livre les résultats (dites moi en commentaires si vous êtes intéressés par ces calculs, et je vous les donnerai).

Pour faire simple, il faut se souvenir que la gamme pentatonique ne possède que 5 notes (c’est pourquoi elle est simple et polyvalente), et donc, il en manque 2 pour définir précisément le contexte, pour savoir exactement dans quelle gamme on se trouve. L’idée est de voir quelles gammes il est possible d’utiliser pour redonner aux accords le contexte et donc les faire sonner dans ce contexte précis.

Pour les accords majeurs

Les couleurs des accords majeurs

Dans la gamme majeure, il n’y a que 3 accords majeurs. On les retrouve en 3 positions bien connues : I, IV et V. Il y a donc 3 couleurs possibles à donner à un accord majeur suivant qu’on lui ajoute les couleurs de l’accord I, IV ou V :

Voyons comment ajouter ces couleurs aux accords majeurs.

Jouer lydien avec les pentatoniques

Pour ajouter la couleur lydienne, il faut avoir la quarte augmentée, c’est elle qui donne la couleur à l’accord. Ecoutez le générique des “Simpsons” pour avoir une petite idée ou encore écouter ce magnifique morceau de Joe SATRIANI : Flying in a blue dream” :

Comparons la gamme pentatonique de D pentatonique et celle de de C pentatonique.

C pentat : C D E G A
D penta : D E F# A B

Mises ensemble, on obtient : C D E F# G A B, le mode lydien de C, exactement l’effet voulu : avoir une quarte augmentée.

Bref, pour donner un côté lydien à un acccord majeur avec les pentas, il suffit de jouer la penta de l’accord et celle un ton au dessus.

C lydien c’est C penta + D penta

Par exemple, sur un accord de C majeur, jouer cette simple phrase, et faites bien attention au son du F# :

La quarte augmentée, le F#, donne un côté aérien, de la légèreté à la ligne mélodique. C’est mon mode favori sur un accord majeur.

Jouer mixolydien avec les pentatoniques

Pour le son mixolydien, il faut avoir la septième mineure, soit B♭ pour C. C’est le triton formé par cette septième mineure et la tierce majeure qui donne ce son.

Pour cela, il faut jouer B♭ penta. Pourquoi ? voyons les notes.

C penta : C D E G A
B♭ penta : B♭ C D F G

Au total : C D E F G A B♭. Vous avez compris que c’est le mode mixolydien de C.

C mixolydien = C penta + B♭ penta

Ici, c’est la septième mineure, le B♭ qui donne la tension mixolydienne. C’est la note sur laquelle il faut insister, avec la tonique, pour que la couleur s’entende bien.

Jouer ionien avec les pentatoniques

Pour le mode ionien, la note a avoir est la quarte juste, le F pour un C majeur.

ATTENTION : c’est une note qui peut sonner faux si vous insister trop sur elle.

Il faut superposer F penta sur C penta pour avoir le F :

C penta : C D E G A
F penta : F G A C D

Ensemble, nous avons : C D E F G A. Il manque le B. Et pourquoi ? Peut-on trouver une gamme pentatonique avec F et B ?

La réponse est NON. Parce que entre F et B, il y a un intervalle de 6 demi-tons. Et vu comment la gamme pentatonique est construite, il est impossible de construire un intervalle de 6 demi-tons (qui serait 2 * 3 ou 3 * 2 mais il n’y a pas 3 intervalle de 2 demi-tons successifs dans la gamme pentatonique, pas plus que 2 intervalles de 3 demi-tons qui se suivent).

On démarre avec un plan en C mineur penta position V, et on enchaîne au 3ème temps avec une remontée de l’arpège de D mineur (quasiment toute la penta de F majeur).

C’est le F qu’il faut écouter et surtout comment il retombe sur le E, pour éviter de faire trop de place à cette note très caractéristique du mode ionien.

Résumé pour l’accord majeur

Les 3 couleurs pour un accord majeur s’obtiennet en superposant les gammes suivantes :

  • Lydien : la gamme du I et du II
  • Ionien : la I et la IV
  • Mixolydien : la I et la ♭VII

Pour sonner plus rock : la gamme du VII♭.

Pour les accords mineurs

Le son mineur a 3 couleurs principales :

  • le son phrygien (avec une 9)
  • le son dorien ( avec une treizième juste)
  • le son aéolien (9° juste et 13° mineure)
Sonner aéolien sur avec les pentas

Le son aéolien est le son du mode mineur naturel. Pour le faire sonner, il faut avoir la ♭VI et, si possible la 9° juste ou pas de 9° (la ♭9 sonne automatiquement phrygien).

La gamme penta de la ♭VI est la seule gamme pentatonique qui nous donne la ♭VI et pas de neuvième. Par exemple pour C mineur, ça sera la gamme de A♭ penta :

C penta mineure : C E♭ F G B♭
A♭ penta : A♭ B♭ C E♭ F

Ensemble, nous obtenons C D E♭ F G A♭ B♭, soit exactement le mode aéolien de C (la gamme mineure naturelle en fait). On peut voir la gamme de A♭ penta majeure comme la gamme mineure penta de F, ce sont les mêmes ( tout comme C penta majeur = A penta mineur).

Sur ce plan, un démarrage avec la penta mineur de C et juste un peu d’ajout de la note A♭, tout simplement.

Sonner dorien avec les pentas

Le mode dorien se caractérise par :

  • une 9° juste
  • une sixte/treizième juste

En jouant B♭ penta avec C penta, on obtient un mode dorien mais affaibli car il ne possède par de VI.

C penta mineure : C E♭ F G B♭
B♭ penta : B♭ C D F G

Au final, on a bien que C D E♭ F G B♭, et il manque bien le A.

Pour avoir un mode dorien complet, il faut jouer la penta de la IV, soit F pour notre exemple.

C penta mineur : C E♭ F G B♭
F penta : F G A C D

Et le mode obtenue est : C D E♭ F G A B♭, soit notre mode dorien, comme prévu !!

La couleur du plan est radicalement différente ici et pourtant il n’y a que 2 notes qui change.

Une descente de la penta mineure de C, et on remonte sur F majeur et on termine avec la position II de F majeur pentatonique en case 5.

Les notes qui sonnent ici sont le D et le A, typique du mode dorien, mon préféré pour les modes mineurs.

Sonner phrygien avec les pentas

La caractéristique du son phrygien c’est la ♭9 avec une quinte juste. Et là, une penta nous donne tout ce dont nous avons besoin : la ♭II. Pour C, c’est D♭.

C penta mineure : C E♭ F G B♭
D♭ penta : D♭ E♭ F A♭ B♭

Bref, les notes sont : C D♭ E♭ F G A♭ B♭, le mode phrygien de C mineur.

Vous entendez le côté sombre du mode phrugien ? la ♭9 qui vient titiller la tonique et la ♭13 qui vient accrocher la quinte ?
Ces deux notes peuvent donner un côté oriental/hispanisantà vos plans. A travailler, c’est sûr.

Récapitulatif pour les accords mineurs

Pour sonner aéolien : C mineur pentat + A♭ penta / C mineur penta + F mineur penta

Pour sonner dorien : C penta mineur + F majeur penta / C mineur penta + D mineur penta

Pour sonner phrygien : C mineur penta + D♭ penta / C mineur penta + B♭ mineur penta.

Application à la grille

comme vu précédemment, les accords peuvent sonner de plusieurs manières et c’est là que votre talent entre en jeu, dans la façon dont vous aller choisir les couleurs, leur fréquence et leur intensité.

Premier tour simple

Nous allons faire sonner la grille un peu plus clair que d’habitude. Pour cela, il faut choisir les gammes sur chacun des accords.

Je choisis de faire sonner le A- sur son mode dorien, avec donc un F#. Je vais donc utiliser les pentatoniques de A- et de D majeur (B mineur si vous préférez).

Pour cela, j’utiliserai la pentatonique mineure de A et 2 cases plus loin celle de B.

Le G lui, je vais le faire sonner mixolydien pour appeler la résolution vers le F. Du coup, pour le faire sonner mixolydien je vais utiliser la pentatonique de G et de F.

On commence avec la penta mineure de A puis on glisse de 2 cases pour aller sur la penta mineure de B (D penta majeur si vous préférez).

Pour le G, on a bien la position III en case 7.

On termine avec une montée entre F et G penta pour boucler le plan.

Deuxième tour plus sombre

Le A- sera du coup phrygien, le plus sombre des 3 modes mineurs. Le G sera assez vide pour laisser l’atmosphère se placer et finir sur un F ionien de base.

C’est assez minimaliste pour ne pas surcharger les couleurs.

Le A est joué avec le B♭ et le F, les 2 notes qui colorent le mode.

Pour le G, seules la septième qui retombe sur la sixte sont jouées, donnant une sensation de tension détente assez lentes, seront jouées.

Pour le F, un plan qui se répète presque à l’identique. La première fois, il est clair avec le C en dernière note, alors que le second est plus sombre en finissant sur le B♭, sa quarte.

Conclusion du cycle

Bon, c’était dense, mais la penta le mérite bien.

Nous avons, au cours de ce cycle en 3 étapes, parcouru les chapitres suviants :

  • Connaissance des positions pentatonique
  • Comment la jouer verticalement et horizontalement pour ne pas être piégé dans une position bien maîtrisée
  • Quelle gamme pentatonique pour quel accord, en mode standard
  • Comment redonner la couleur aux accords
  • 2 exemples de colorations sur une même grille

Il a pas mal de boulot dans ce cycle mais il en vaut la chandelle. Pourquoi ? Parce qu’après tout ça, vous serez libre d’utiliser la penta comme vous le souhaitez et pas juste comme une simple penta.

Parce que vous avez entrevu les couleurs des accords, vous devez commencez à voir l’immense étendue des possibilités offerte par cette façon de voir les accords et leurs relations avec les gammes.

L’improvisation se voit ouvrir des portes pour créer de nouveaux plans, vos plans, avec vos intentions, vos envies du moment.

Vous avez vu que pour une même grille qui se répète, vous pouvez changer la façon dont vous faites sonner les accords, et c’est juste énorme !!! Voilà comment ne pas tourner en rond sur les grille.

Pour aller plus loin

Dans cette troisième est dernière étape, vous avec commencé à goûter aux modes. C’est une partie extrêmement intéressante de la musique qui vous permet de voir les choses de manières différentes et vous ouvre tout un vocabulaire supplémentaire pour vous exprimer avec des notes.

Je prépare des articles sur les modes des différentes gammes : la gamme majeure, la gamme mineure mélodique et si possible, de la gamme mineure harmonique.

Merci d’avoir suivi ces étapes, en espérant que vous y avez trouvé de quoi travailler (ça a été une révélation pour moi à l’époque où j’ai commencé à à étudier les gammes, les accords et les modes, et je suis heureux de connaître cette facette de la musique qui permet d’élargir l’expressivité du jeu).

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Comme toujours, travailler mais prenez plaisir à ce que vous faites.

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