La zone de confort : 1 – Comment s’imposer des contraintes va libérer votre jeu

La zone de confort : 1 – Comment s’imposer des contraintes va libérer votre jeu

On a tous connu ce moment. Ce fameux moment où, sur un backing track, on tourne toujours sur les mêmes idées, on rejoue plus ou moins la même chose, et on finit par se répéter. C’est la fameuse « Zone de Confort ». Et la question qu’on se pose systématiquement, c’est « comment faire pour sortir de cette situation » ?

On se dit alors qu’il faut apprendre de nouvelles positions, de nouvelles gammes ou de nouveaux modes, et qu’à force d’empiler des connaissances, on aura plus de choses à dire, à jouer.

Malheureusement, ce n’est pas la solution. C’est une possibilité, mais cela ne vous sauvera qu’un temps. La solution est ailleurs. Elle est bien plus dans le « comment jouer » que le « quoi jouer ».

Les gammes, les modes, les arpèges et autres restent en nombre limité (même très grand, ça reste limité). La façon de jouer, les multiples combinaisons de technique et possibilités vont vraiment vous donner l’occasion de développer votre jeu, de définir votre personnalité musical et votre univers.

Sortir de cette zone limitée qui vous fait jouer un nombre limité de choses, c’est l’objet de cet article.

La zone de confort : c’est quoi

Quand on est dans cette zone si tranquille, on ne se pose que peu de questions sur « quoi jouer », et surtout « comment le jouer ». On a nos habitudes, qui sonnent bien, alors on les répète. Mais un bon plan musical, c’est comme les bonnes blagues, ils ne faut pas trop abuser des mêmes, et faire preuve d’originalité.

Mais pour cela, il faut prendre conscience de tout ce qui est possible. Un élément à la fois, mais il faut s’approprier ces éléments qui « semblent » nous faire défaut. Je dis bien nous « semble » car en fait, on le sait sans forcément en avoir conscience. Et c’est là que les contraintes deviennent intéressantes. En effet, avoir des contraintes va vous forcer à explorer de nouvelles pistes, ou en exploitant cette contrainte au maximum pour être en mesure de l’intégrer et d’en faire non plus une contrainte, mais un élément de plus à votre jeu.

De quelles contraintes est-il question ?

Avant de parler de contrainte, plaçons le cadre tout de suite. Pour que le travail soit le plus efficace possible, et que ne pas retomber dans des travers qu’on souhaite éviter, tous les effets de jeu comme le slide, le hammeron et le bend sont strictement interdits. Ces effets ne sont, lorsqu’on travaille sur la sortie de la zone de confort, que des artifices qui vont vous y replacer dans cette zone, et c’est justement ce qu’on veut éviter.

Il est donc, dans tout ce qui suit, rigoureusement interdit d’utiliser les slidesles bendsles hammers et autres pull-off. Ces interdictions vont vous forcer à vous concentrer sur l’essentiel : le discours. Ces effets de jeu viendront agrémenter, pimenter votre discours musical, vos improvisations, quand ces derniers seront consistants, quand le contenu sera déjà assez riche pour que ces effets viennent apporter quelque chose.

Le défit semble compliqué, mais comme vous allez le voir, il va vous offrir toute une nouvelle palette de possibilité qui vont rendre votre jeu plus intéressant, plus riche, plus personnel et donc, plus reconnaissable également.

Ces préliminaires précisés, décrivons comment nous allons travailler tout ça.

Les types de contraintes

Tout type de contrainte peut être posé, mais pour démarrer, nous allons comment avec deux types de contrainte. Chaque type de contrainte indépendamment de l’autre ou ensemble pour vraiment compliquer les choses, on verra, commençons progressivement.

Les contraintes de type « rythmique »

Le premier type de contrainte que nous avons est de type « rythmique ». Dans ce type de contrainte, nous allons imposer le débit des notes, la rythme de cet enchaînement. Nous n’aurons donc pas le choix sur la partie rythme de nos mélodies, et nous devrons donc nous concentrer sur la partie harmonique de ce que nous allons jouer. Il faudra donc explorer d’autres pistes que le rythme ici. Par exemple, le choix des notes, la suite de notes qui va être jouée, tout ce qui est purement mélodique. Ceci va permettre de débloquer plusieurs facettes :

  • votre écoute
  • votre anticipation
  • le choix du silence
  • la dynamique
  • etc.

Votre écoute parce que pour choisir la note, il faudra écouter ce que vous jouez et apprécier si ça sonne bien ou pas, et apporter des corrections le cas échéant.

Votre anticipation parce qu’en écoutant votre jeu, vous allez avoir « envie d’entendre » certaines choses. Des notes plus aigües ou plus graves, des intervalles plus grands ou plus petits. Et c’est une partie très importante parce qu’elle va vous permettre au final d’être capable de jouer ce que vous entendez dans votre tête, de jouer ce qui vous vient à l’esprit, et c’est là une source de liberté incroyable.

Le silence est aussi un son. Une absence de son mais qui est aussi une possibilité. Avec des contraintes de type rythmique, le silence va devenir un associé de choix dans votre jeu. Le comprendre et le maitriser est essentiel pour ne pas se sentir « forcer de jouer quelque chose ». Le silence, les pauses sont capitales, car elles permettent de repartir de plus belle, sur une autre idée, une autre sonorité, bref vers quelque chose de neuf, et c’est exactement ce qu’il nous faut. Ne négligez jamais les silences dans votre jeu, laisser le temps à vos auditeurs de respirer, d’intégrer ce que vous avez dit avant de repartir sur une nouvelle idée, un peu comme lorsqu’on s’exprime à l’oral finalement. Difficile d’accrocher au discours d’une personne qui parle avec un rythme constant, sans s’arrêter sur les concepts importants, sans laisser le temps de digérer les informations.

La dynamique, parce qu’elle donne vit à un discours. Avec des moments plus légers pour contrebalancer les moments plus forts, des moments à appuyer quand d’autres sont moins important. Le travail de la dynamique dans le jeu est particulièrement important lorsqu’on joue en son clair, non saturé ni compressé, car c’est là que la dynamique fait tout son effet et apporte une dimension supplémentaire à votre jeu.

D’autres aspects peuvent encore rentrer en jeu, mais contentons-nous ici que ces aspects qui sont déjà une énorme base et une source de travail conséquente.

Les contraintes de type « harmonique »

Ici, ce n’est plus sur la partie rythmique que la contrainte va se poser, mais bien sur les notes à jouer. On va imposer des règles sur les notes qui vont être jouables, et la liberté va donc venir de tous les autres aspects du jeu cités plus haut.

Voici quelques contraintes de type harmonique qu’il est possible de se poser, sans être exhaustif.

Lorsque vous jouez une note, faite la suivre systématiquement :

  •  de sa tierce (majeure ou mineure suivant le cas)
  • de sa quinte
  • d’une note plus haute
  • d’une note plus basse
  • d’une note sur une autre corde
  • de son octave (plus haute ou plus basse)

Vous voyez ? En se fixant des limites, de nouveaux degrés de liberté apparaissent. Et c’est comme ça que vous allez agrandir votre zone de confort, et améliorer votre jeu.

Toutes ces pistes, toutes ces libertés peuvent, elles aussi, faire l’objet de contrainte, pour vous forcer à explorer d’autres pistes, de nouvelles façons de sortir de ce qui est attendu, tout en respectant ces règles.

Et ceci n’est pas exhaustif.

Conclusion de cette première partie

J’espère vous avoir convaincu que par les limites que l’on se pose, de nouvelles libertés apparaissent de manière plus flagrante et surtout, que ces libertés, en les travaillant, vont faire partie de votre jeu, vous donnant ainsi plus de liberté dans votre jeu, dans les choix que vous pouvez faire lorsque vous improviser.

Je conclurai simplement en rappelant qu’un grand nombre de morceaux ont été composés par des musiciens qui travaillaient une technique particulière, une contrainte donnée. Et je ne donnerai qu’un seul exemple (dites-moi si jamais, c’est une légende par ce que j’y crois bien), c’est « sweet child O’mine » de Guns’n’Roses », composé par Slash :

Donnez-vous cette possibilité, tout en travaillant, de découvrir ou redécouvrir ces techniques qui vont faire votre jeu et votre personnalité.

Pour aller plus loin

Ceci n’est que le début d’un travail de fond qui porte ces fruits très rapidement. Plusieurs articles vont suivre pour vous donner des pistes, des contraintes à suivre, ainsi que des éléments pour travailler, explorer et intégrer les multiples possibilités du jeu sous contrainte, et vous ouvrir aux infinies possibilités que la musique nous offre pour nous exprimer, partager et nous faire plaisir en jouant.

N’hésitez pas à commenter si vous avez trouvé ce contenu intéressant, utile, voire indispensable ;-), partager la façon dont vous avez appliqué ces contraintes et comment vous avez exploité ces contraintes pour avoir un jeu toujours intéressant à écouter.

Merci à toutes et tous et à très vite pour des pistes de travail sous contraintes pour libérer votre jeu.

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