Éléments constitutifs de nombre d’improvisation, les triades sont une manières de bien marquer l’harmonie sur laquelle se joue l’improvisation.

Elles sont aussi utiliser pour marquer des surimpositions d’accords, d’harmonie pour donner un effet particulier comme « le jeu out ».

Qu’est-ce qu’une triade

Une triade est l’ensemble des 3 notes de base d’un accord :

• la tonique
• la tierce
• la quinte

Ces 3 notes sont le cœur d’un accord, elles indiquent si l’accord est majeur ou mineur, s’il possède une quinte juste ou diminuée.

Comment les utiliser

Les triades peuvent être utilisées de plusieurs manières : pour faire sonner les notes de l’accord en cours, mais aussi de faire sonner des notes de couleur sur chaque accord, voire ajouter de la tension pour amener la résolution vers l’accord suivant.

Sur l’accord correspondant

La première utilisation des triades est de jouer les notes de l’accord. En changeant d’accord, on change de triade, et ainsi, les notes jouées sont toujours justes. Il est impossible de faire une fausse note en jouant la triade de l’accord sur lequel on se trouve. Toutes les notes de la triade sont dans l’accord. Vous indiquez clairement à l’auditeur que l’accord est bien celui attendu en jouant les notes le constituant.

Pour un C majeur, par exemple, composé des notes C, E et G, en jouant ces 3 notes, impossible de se rater et de faire une fausse note.

Les triades d’accords voisins

Ici, le but est d’utiliser une partie des notes de l’accord seulement, et d’ajouter des notes d’un accord proche. Ces notes, qui ne sont pas dans l’accord, restent compatibles et apportent de la couleur.

Les accords sont construits avec le cycle des tierces. Dans ce cycle, 2 accords séparés par une tierce auront 2 notes en comment dans leurs triades respectives. Par exemple : C et A- :

• pour C majeur, les notes sont : C E G
• pour A mineur les notes sont : A C E

On voit bien que les notes C et E sont commune. Seule la note G, la quinte, est remplacée par la note A. Cette note est la treizième de l’accord de C. Jouer la triade de A- sur un accord de C apportera donc cette couleur à notre accord de base C.

Exemple d’utilisation sur l’accord de C majeur

Reprenons notre exemple avec l’accord de C majeur. Ces notes sont :

C – E – G

Prenons les accords voisins de C dans le cycle des tierces, en amont et en aval, de une puis de 2 tierces :

• en amont :
  • une tierce avant : A
  • deux tierces avant : F
• en aval :
  • une tierce après : E
  • deux tierce après : G

Qu’est-ce que cela nous apporte ?

En jouant la triade de A- sur un C majeur, nous avons vu que nous remplacions la quinte G par la treizième, le A. Cette couleur est toujours valable sur un accord majeur. C’est donc un choix pertinent.

Avec la triade de F, composée des notes F, A et C, nous avons 2 notes extérieure à l’accord de C :

• la quarte : F
• la treizième : A

Jouer la quarte sur un accord majeur est délicat dans un contexte tonal, car comme elle est située à 1 demi-ton de la tierce majeure, une note très importante, cette quarte est très colorée, et même dissonante si elle est jouée sur un temps fort. Il faut donc bien savoir ce qu’on fait dans ce cas. Ce n’est pas une note à éviter, mais une note délicate à utiliser.

La note A, la treizième, comme vu plus haut, est parfaitement compatible avec un accord majeur. Pas de surprise à ce niveau là.

Avec la triade de E-, nous avons les notes E, G et B. Les deux premières sont dans l’accord de C, donc pas de couleur ici. En revanche, la note B est la septième majeure de C. Cette note est très colorée, car comme la quarte avec la tierce, la septième majeure est à un demi-ton de la tonique. Sa couleur est alors forte et demande a être résolue sur la note C.

Enfin, avec la triade de G, composée des notes G, B et D, seule la note G est dans l’accord de C. les 2 couleurs apportées sont :

• B : la septième majeure
• D : la neuvième juste

Le B a été traité juste au-dessus avec la triade de E-. Reste la note D, la neuvième. Cette couleur est, comme la treizième, toujours compatible avec un accord majeur. Son utilisation est alors sans trop de risque, et la couleur apportée sera toujours intéressante.

Résumons tout ça. Sur un accord majeur :

• jouer la triade de la quarte apporte
  • la quarte : délicate à utiliser et très colorée
  • treizième : couleur parfaitement compatible avec un accord majeur
• jouer la triade de la sixte apporte
  • la treizième
• la triade de la tierce apporte
  • la septième majeure, colorée
• la triade de la quinte apporte
  • la septième, colorée
  • la seconde majeure, couleur toujours compatible avec un accord majeur.

Jouer les triades des accords voisins permet de faire sonner des notes qui ne sont pas dans l’accord de base mais compatibles avec lui. Ceci permet de donner de la couleur à la sonorité, sans pour autant apporter de la tension ou de fausses notes.

Les triades de la gamme sans note commune

Ici, nous allons un peu plus loin : nous nous écartons encore plus de l’accord qui est joué. Un peu plus risqué, jouer les triades d’accords éloignés fait ressortir les notes d’extensions de l’accord et peut apporter de la tension.

Par exemple, les extensions de l’accord de CΔ sont : D F A, soit la triade de D-. Jouer la triade de D- sur l’accord de C est donc risqué à cause du F qui est la quarte de C, et la note à éviter sur un accord majeur.

Précautions à prendre

Dans ce cas précis, jouer une triade de D- sur C majeur fait sonner les notes D, F et A. Les notes D et A sont valables sur un C majeur mais pas F, qui devra résoudre d’un demi-ton plus bas vers la note E, la tierce de l’accord. La note F, la quarte juste, est à éviter sur un accord de septième majeure.
On lui préférera la quarte augmentée, F#, c’est à dire la triade de D majeur.

Les triades étrangères

Et nous pouvons aller encore plus loin : il est tout à fait possible de jouer des triades étrangères à la gamme sur un accord de dominante ou un accord diminué. En effet, ces accords ayant pas mal de tension, jouer ces triades étrangères vont ajouter à la tension pour rendre la résolution encore plus naturelle, plus attendue.

Par exemple, pour un accord de G7 allant vers un CM7, il est possible de jouer les triades de :

• D♭ (substitution tritonique de G7) : D♭ F A♭ ⇒ on crée une tension entre G (la tonique de l’accord) et A♭ (la neuvième mineure de G7), comme entre D♭ l(a quinte diminuée de G7) et la quinte juste, tout en marquant la septième F
• A♭- pour faire sonner les notes A♭ C♭ (B) E♭, qui crée une tension entre Ab et G, entre E♭ et D, tut en marquent la tierce majeure
• FØ avec F A♭ C♭ (B) pour bien marquer le triton entre F et C♭(B) et ajouter la tension d’une neuvième mineure entre A♭ et la tonique G’Sultans of Swing’, chef-d’œuvre de Dire Straits sorti en 1978, est devenu un classique incontournable du rock. Ce morceau, qui a propulsé le groupe sur la scène internationale, se distingue par son style unique mêlant rock, jazz et blues. Dans cette analyse approfondie, nous allons décortiquer les éléments qui font de ‘Sultans of Swing’ un morceau si emblématique et vous donner les clés pour le maîtriser.

Les possibilités ne s’arrêtent pas là et c’est à vous de tester les combinaisons pour savoir lesquelles vous plaisent, vous correspondent et lesquelles vous voulez utiliser dans vos improvisations.

Quelques exemples de relations triade/accord intéressants

Sur un accord M7

Les notes d’extensions valables sur un accord M7 sont la 9, la #11 et la 13.
Voyons quelles triades peuvent nous apporter ces couleurs sur note accord M7.

Jouer la triade du II majeur apporte les couleurs 9, #11, et 13. La #11 apporte ce côté lydien, frais et lumineux (cf. générique Des Simpsons).

Jouer la triade du III mineur fait ressortir la tierce majeure, la septième majeure et apporte la couleur de la neuvième qui passe très bien sur un accord M7.

Pour la triade du IV, on a un problème avec la IV justement, qui est à éviter sur un accord M7. On lui préférera la triade du #IV-♭5 qui fait ressortir la #11 (côté lydien comme indiqué pour la triade du II majeur) et la 13.

La triade du V renforce la M7 apporte la 9, on reste autour de notre accord de base.

La triade du VI n’apporte que la 13, on reste là aussi près de l’accord de base.

Pour le VII, la triade du VII fait sonner la M7, et colore avec la 9 et la #11, avec encore une fois, cette connotation lydienne dans le son.

Sur un accord -7

L’accord -7 accepte les extensions 9, 11 et 13 comme extensions naturelles.

La triade du II-7 : on a exactement les notes voulues, à savoir 9, 11 et 13.

La triade du IV fait sonner la 11 et la 13, très bien pour ne pas surcharger l’accord.

Le degré V- souligne la 7 et apporte la 9.

Enfin, la triade du bVII assure la 7, et apporte la 9 et la 11.

Sur un accord de dominante ou altéré

Je consacrerai une page complète pour traiter de ce type d’accord qu’il faut traiter différemment. En effet, la tension créée par le ou les tritons présents dans l’accord nous pousse, non pas à chercher la consonance, mais plutôt à accentuer la tension pour que la résolution qui suit soit encore plus forte.

Pour aller plus loin

Au-delà des triades, il y a les arpèges jouant la triade de C majeur sur un accord de A- fait sonner une note qui n’est pas dans l’accord de A- : la note G. Faire sonner la note G, la septième mineure de A-, sonne très bien et apporte une couleur intéressante sur A-, qui sonne alors comme un arpège constitués de 4 sons et qui ouvrent autant voir plus les possibilités harmoniques de jeu en improvisation.